Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

ANCONE, BRINDES T1

loupe de bord que l’on dirigea vers le fort pour en inquiéter l'ennemi, et s'emparer de la porte s’il était possible. Pendant ce temps, je fis pointer une pièce de 18 sur une du fort qui nous incommodait beaucoup. Le capitaine de vaisseau venait d’avoir les deux jambes coupées et d’expirer entre mes bras; le général Clément venait d’être également blessé à la cuisse d’un éclat de bois’. Le premier coup de notre pièce tua le pointeur ennemi, et détermina les Napolitains à hisser le pavillon parlementaire. On accorda la vie à toutes les troupes qui étaient dans le fort, et la compagnie de canonniers en prit possession ?; je fis embarquer sur des chaloupes environ 400 hommes ?, et me dirigeai à leur tête vers la ville qui était à une demi-lieue. Je pris aussitôt connaissance des endroits propres à être gardés. J'y fis placer des postes, et je m'occupai de trouver les moyens nécessaires pour remettre promptement le vaisseau à flot. Quinze grandes barques et deux bricks furent expédiés à cet effet pour le décharger. Le général Clément tut porté chez l’évêque.

4 C'est l'avant-dernier boulet parti du fort qui fit ces deux victimes. Il y eut seize autres morts. Le jeune Scheffer, chef de bataillon, aide de camp du général Chabot, fut blessé aussi. Le Joysle frappé à mort, avait dit : « Ce n'est rien. »

? C'est le premier détachement, formé, dit Bellaire, des canonniers de la 8° demi-brigade et des hommes du 79, et commandé par Päris qui se saisit du fort et de sa garnison prête à fuir. Le commandant était, selon Bellaire, un Corse se disant fils naturel du roi. C’était done Boccaciampe (V. AQ.) Ce fort renfermait une autre catégorie de prisonniers : magistrats, lettrés, membres de la bourgeoisie, sur qui les insurgés se jetaient comme sur des partisans de la Révolution.

3 Bellaire dit 600 appartenant à la 8e demi-brigade; mais il n’y avait sur le vaisseau que 1,000 hommes en tout, en comptant 400 marins. Les 600, c'est l'effectif des deux débarquements. Bellaire oublie en tout cela les canonniers italiens, ou plutôt, dans le premier détache-

ment il faut lire les canonniers italiens (et non de la 8° demi-brigade), d'accord avec Godart.