Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

10 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

de 74 canons, venait d’arriver de Corfou à Ancône, et qu’il devait retourner sous peu pour cette île, je voulus profiter de cette occasion pour me rendre à mon régiment. Je m'embarquai sur le vaisseau avec le général de brigade Clément, un bataillon du 8° d'infanterie légère ! et une compagnie de canonniers italienne, forte de 120 hommes?. Nous mimes à la voile, le 12 germinal (1% avril) an VIT, avec six grands trabacs* chargés de vivres pour la place de Corfou. Nous naviguâmes pendant quelques jours fort tranquilles, lorsqu'il plut au capitaine de vaisseau Le Joysle et au général Clément d'entrer dans la baie de Brindisi, et de s'emparer de la ville et du fort‘. A peine parûmes-nous (20 germinal, 9 avril) à la vue du fort qu'il arbora le pavillon napolilitain, et l’assura d’un coup de canon à boulet qui perça nos voiles *. Bientôt nous arrivâmes à portée, et nos batteries commençaient à faire feu, lorsque le devant du vaisseau entra dans le sable et ne put plus manœuvrer. La canonnade n’en continuait pas moins de part et d’autre ; mais le canon du fort faisait un grand dommage au vaisseau ®. Je proposai alors d'opérer un débarquement contre ce fort. Mon avis fut adopté. Sur-le-champ on embarqua la compagnie de canonniers sur la cha-

1 V. AO, aux notes.

? Bellaire dit : Compagnie romaine de 100 hommes. Un désaccord plus sérieux, c'est qu'il mentionna 50 hommes de la 796. Il y a là un oubli étrange de la part de leur colonel,

$ Bellaire mentionne neuf lransporlts marchands. Trois étaient peutêtre des bâtiments de commerce, profitant de la protection du vaisseau. Des neuf, huit disparaissaient dès le lendemain.

# Y. AP, aux notes.

# Y. AQ, aux notes.

5 Le Joysle d’abord n'avait pas riposté, voulant entrer dans la baie pour prendre le fort à revers. Mais la position du vaisseau se trouva fort désavantageuse, n'étant qu'à demi-portée de fusil (environ 100 mètres) du fort, et dominé. La canonnade dura deux heures.