Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

92 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

ensuite foncer dessus à la baïonnette et au pas de charge. Jamais déroute ne fut plus complète. Je fis près de 1,200 prisonniers, dont une quarantaine d’officiers.

On apercevait un régiment de hussards ennemi qui venait au secours de cette colonne, cachant sa marche à la faveur d’un village où nous avions heureusement six de nos compagnies postées. À peine ce régiment fut-il arrivé à demi-portée de balle du village, que ces compagnies firent une décharge qui le fit promptement rétrograder, et nous sauva d’un assez mauvais pas, puisque cette cavalerie manœuvrait de manière à nous couper par nos derrières.

La retraite de cette colonne dont j'avais réussi à prendre tant de prisonniers, celle du régiment de hussards qui venait à son secours, changèrent entièrement la face des choses. Nos divisions, qui déjà étaient ellesmêmes en retraite, revinrent à la charge, et nous repoussâmes l'ennemi jusque dans ses retranchements de Caldiero où nous le maintinmes, et nous restâmes maîtres du champ de bataille. Je perdis dans cette journée 127 sous-officiers et soldats, tués ou blessés, plusieurs officiers blessés grièvement, et presque tous généralement ou furent touchés légèrement ou eurent leurs habits criblés de balles. Pour ma part j'eus mon chaPeau percé d’un biscaïen, et trois balles percèrent mes habits, très heureux d’en être quitte à si bon marché!.

Après les succès de cette bataille, auxquels j'ose me flatter que mon régiment eut la plus grande part, je dus être indigné d'apprendre le lendemain que, dans le rapport que mon général de division avait fait au maréchal, il annonçait que la division était montée la veille à

! V. AAK, aux notes,