Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

ITALIE ET DALMATIE 93

l’assaut pour prendre les redoutes ennemies à la baïonnette, citait tel et tel régiments pour s'être distingués, et ne faisait mention du 79° que pour dire qu'il ne s’y était point trouvé, et qu'il avait manœuvré ailleurs avec son général de brigade :, c'était le général Valori. Que pouvait-on reprocher à mon régiment pour qu’il méritàt de n’être point mentionné honorablement comme les autres dans le rapport du général de division ? Parce que, prétendait-on, il avait fait une fausse manœuvre. En cela il n'avait fait qu'’obéir aux ordres de son général de brigade. Au reste, on pourrait mettre en doute lequel des deux généraux fit la plus fausse manœuvre, ou du général de division qui se fit battre avec le restant de la division sur le flanc gauche de l'armée, et ne réussit qu'à faire échiner son monde; ou du général de brigade qui, avec mou régiment seul, parvint à couper à propos et à mettre en déroute une forte colonne qui poursuivait nos divisions en retraite, et peut-être sauva l’armée par sa prétendue fausse manœuvre? Il y aurait beaucoup de choses à dire qu’on ne peut pas toujours se permettre. Je me plaignis fortement, ainsi que le général de brigade, au maréchal, qui fut obligé de convenir de la vérité. et de la réussite de notre manœuvre; mais le rapport qui était déjà fait au gouvernement n’en resta pas moins le même !.

Le 11 brumaire, l'armée autrichienne ayant battu en retraite, nous suivimes de très près son arrière-garde. L’ennemi, qui avait de forts magasins dans Vicence, s’y tint vingt-quatre heures pour avoir le temps de les évacuer. Le maréchal y fit jeter des obus qui brülèrent plusieurs maisons sans aucun résultat: Nous traversàmes

1 Y, AAL, aux notes,