Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

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cette ville où je laissai quatre compagnies de mon régiment. Vers midi, notre avant-garde atteignit l’arrièregarde ennemie à un village distant de trois lieues de Vicence, et l’en chassa au pas de. charge. Elle y fit 500 prisonniers ; le restant fut poursuivi pendant deux lieues jusqu’à la rivière de la Brenta, où il la passa ef brüla le pont.

Nous arrivämes vers le soir en face de cette rivière derrière laquelle l'ennemi était rangé en bataille, et avait sept ou huit pièces de canon en batterie contre nous. Le restant de la journée se passa en se canonnant de part et d'autre, et dans la nuit les Autrichiens battirent en retraite. À minuit, mes voltigeurs aux avant-postes s’en étant aperçus, je m'y rendis moi-même pour m'en assurer, et en eflet, n'entendant plus aucun bruit, ni coups de fusil, j'empêchai que le restant du pont ne brulât. On travailla sur-le-champ à la réparation de ce pont, et, à la pointe du jour, notre cavalerie passa les gués, chaque cavalier ayant un voltigeur en trousse. À onze heures du matin, l’armée passa la Brenta et se dirigea sur Conegliano et Sacile, où elle prit position. Le lendemain matin nous nous portâmes sur Codroipo, Palmanova, et ensuite sur Gradisca qui fut emporté d'assaut, et où l’on fit environ 3,000 prisonniers.

L’armée arrivait à Gorizia, première ville des états d'Autriche, et y prit des cantonnements!. L’avant-garde seulement suivit l'ennemi jusqu’à Laybach.

À peine étions-nous arrivés à Gorizia que le maréchal apprit qu’une colonne de 10,000 Autrichiens qui s’était égarée dans les montagnes du Tyrol, et qui ne pouvait plus trouver aucun débouché, puisque nous tenions

V. AAM, aux notes.