Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

8 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODAR

faire redoubler de zèle et de surveillance pour rétablir entièrement l’ordre. De nouvelles recherches me firent encore découvrir quatre individus complices des cinq premiers, parmi lesquels était un sergent-major. Ils subirent le même sort. Un semblable exemple devait servir à ce bataillon d’une bonne leçon ; mais on verra plus bas tout le contraire. Nous quittâämes Tournai pour nous rendre à Ath, petite ville à une journée de

marche !. _ Jusqu'au 1* décembre le bataillon avait reçu quinze sous par jour de solde que le département payait à ses frais. Du moment où il passa à la solde du gouvernement, il fut réduit à celle qu’on payait à l’armée. Cette diminution donna lieu à des murmures de toutes parts. Malgré tous les ordres notifiant que les volontaires n'avaient rien à réclamer, puisqu'ils étaient payés comme les autres troupes de l'armée; malgré toutes les représentations et les menaces, on eut beaucoup de peine à leur faire entendre raison ?. Les plus entètés désertèrent. Je continuai néanmoins l'instruction à Ath, et, vingt jours après mon arrivée dans cette ville, une insurrection dirigée contre moi personnellement eut lieu parmi les soldats : 1° parce que je faisais faire l'exercice tous les jours ; 2° parce que je leur faisais tort, disaient-ils, de l'eau-de-vie qu'ils devaient recevoir tous les matins ; 3° parce que le surplus de la solde, qu’ils prétendaient que je recevais, entrait, selon eux, dans ma poche et

* Ath avait été occupé, le 8 novembre, par le maréchal de camp Berneron. Avant ce déplacement Godart avait dû faire un voÿage à Arras. V. B, aux notes.

* De même, le 8 décembre, la légion des Volontaires américains et du Midi, à Amiens, au moment d'un ordre de départ, protesia et envoya une députation au Ministre pour savoir s'ils étaient troupe de ligne

ou volontaires. D’autres volontaires, à Calais, se firent attribuer une augmentation de solde, le’14 février 1793.