Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

PAYS-BAS 9

dans celle du quartier-maître ; 4° parce qu’enfin ils étaient volontaires et devaient être traités comme tels, disant que les officiers devaient les regarder comme leurs bienfaiteurs, puisqu'ils les avaient nommés officiers au scrutin lors de la formation‘, et qu’il ne dépendait que d'eux d'en nommer d'autres. En effet, avant quel’insurrection éclatât, ils avaientchoisi parmi eux huit commissaires qui devaient s'occuper de nommer et de remplacer les officiers qui ne leur convenaient pas (bien entendu que j'étais le premier de ce nombre). Déjà leur choix était fait des plus mauvais sujets. Comme instructeur, ils m’avaient nommé caporal. Enfin l’on découvrit leurs projets. Je fis arrêter, à l'appel du soir, leshuitcommissaires, et les fit conduire à la prison de la ville. Le lendemain matin, vers les neuf heures, leurs partisans se transportèrent à la prison pour les délivrer. M'étant trouvé dans les environs, un d’eux se mit à crier : « Le voilà! » J'allais au-devant d'eux pour les exhorter à rentrer dans l’ordre, lorsque tout à coup plus de cinquante tombèrent sur moi, les uns criant : « À la lanterne ! » les autres : « Tue, tue! C'est un despote qui soutient l'ancien régime, et fait mépris de la liberté et de l'égalité! » Tandis qu’une foule d'individus me frappaient et me déchiraient la figure, je fus très heureusement délivré par quelques-uns de mes braves officiers qui me conduisirent chez moi. Malgré que j'étais tout ensanglanté, je voulais m’armer de mon sabre et de mes pistolets, et, avec l’aide des officiers qui se trouvaient en ce moment avec moi, retourner, le sabre et le pistolet aux mains, pour les forcer de se dissoudre. Les observations des officiers me ramenèrent à des moyens plus prudents,

! y. C, aux notes.