Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

10 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

Ils me représentèrent que ma vie était en danger ; qu’ils étaient certains que les révoltés en voulaient à mes jours, et ils me conseillèrent d'aller trouver le lieutenant-général O’Moran, à Tournai, auquel j'avais déjà fait part de ce qui se tramait dans le bataillon, et de lui demander une justice éclatante de l’insulte faite à ma personne et à mon caractère. Je me décidai à suivre leurs avis, et, accompagné de deux de ces officiers, nous primes la route de Tournai où nous arrivâmes le soir. J’appris que le général ne se trouvait plus dans cette ville, et qu’il était parti la veille pour Lille. Après quelques rafraichissements, je résolus de partir pour Mons où se trouvait un général de division’. Il était neuf heures du soir, et nous montâmes à cheval, prenant la route de Mons, où nous arrivames le lendemain matin à huit heures. Le chirurgien m’ayant pansé, je me rendis sur les dix heures chez le général qui, me voyant dans cet état, et ayant pris connaissance de toutes les pièces ef rapports constatant la rébellion, ainsi que d’une somme à peu près de vingt mille francs que j'avais tirée et emportée de la caisse dans la crainte qu’ils ne fussent pillés, ordonna à un officier et trente dragons de se rendre Sur-le-champ à Ath pour y prendre les huit commissaires qu’on supposait encore détenus. Mais on doit bien se figurer qu'ils furent mis en liberté le jour même qu’on m'avait si bien traité.

L'officier arrivé à Ath fit part de sa commission au Chef qui me remplaçait. Mais, soit faiblesse ou crainte, ce dernier se borna à faire venir chezlui les huit individus, dont le détachement de dragons se saisit aussitôt. L’officier commandant, connaissant combien il importait d’en

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