Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

PAYS-BAS 11 imposer à ces mutins et d'accélérer son départ, leur dit, en présence de ses dragons, qu’il passerait son sabre au travers du corps du premier des huit qui quitterait son rang. Il les disposa, sans perdre de temps, au milieu de son escorte, et sortit de la ville en doublant le pas. La mission de cet officier était d'autant plus délicate que, s'il eût mis la moindre lenteur à l’exécuter, elle n'aurait eu aucun effet, et la sûreté de son détachement eût été infailliblement compromise. En efet, à peine ils étaient sortis que le bruit, qui s'était répandu à la caserne, que leurs camarades avaient été arrêtés et étaient conduits à Mons, fit courir une foule de leurs partisans, les uns armés, les autres sans armes, sur cette route, pour les délivrer. N'ayant pu les joindre, ils rentrèrent en ville comme des furieux, criant : « A la trahison ! » et : « Vengeance ! » Les officiers qui s'étaient rendus au quartier, et qui s'étaient réunis aux sous-officiers et soldats qui ne prenaient aucune part à l'insurrection, cherchèrent en vain à ramener ces mutins au bon ordre. Des cris se firent entendre +: « A la lanterne ! » Deux des officiers qui m'étaient étroitement attachés furent saisis, et déjà on les attachait à des lanternes, lorsqu'on parvint à les sauver. Dans ces entrefaites, ce qu’il y avait de soldats du bataillon non révoltés prit les armes et se rangea du côté des officiers qui réussirent à apaiser les troubles. On nota les plus coupables, et deux officiers arrivèrent, à cinq heures du matin, le lendemain, pour me faire le: rapport de tout ce qui s'était passé. J'en donnai connaissance au général auquel je crus devoir demander le licenciement du bataillon; mais il m'observa que, le fond en étant bon, il converiait plutôt de ne point le li-