Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

ARMÉES DU NORD ET DE SAMBRE-ET-MEUSE 19

société d’aéronautes'!. Voilà comme j'en ai été débarrassé. Je le fis promptement remplacer par un sujet digne, sous tous les rapports, d'occuper cet emploi. Quoique adjudant-major, il voulut bien se charger de cette besogne pénible, et en trois mois la comptabilité et Les registres de matricule furent au courant.

La discipline et l'instruction faisaient tous les jours de nouveaux progrès, et je commençais à respirer et à jouir de mes succès, lorsque j’appris que je n'étais point encore au bout de mes peines.

Un de mes capitaines, nommé Le Chous du Bourg, d’Avesnes-le-Comte près d'Arras, tramait sourdement le projet de me supplanter dans le commandement du bataillon. Je sus qu’il faisait force intrigues à cet égard. Ne sachant comment lui en témoigner mon ressentiment, je crus devoir l’inviter à diner chez moi avec le quartiermaître, mon principal ami, qui avait aussi connaissance du fait. Là, avant que de nous mettre à table, je lui reprochai avec dureté la conduite peu délicate qu’il tenait envers moi ; je lui présentai aussitôt le choix de deux épées, en lui disant que sur l'heure il devait gagner ce qu'il prétendait avoir par l'intrigue. Il ne put résister à tant d'arguments, et finit par m'avouer ses torts, et par me donner un écrit dans lequel il déclarait qu'il ne penserait jamais à aucune espèce d’intrigue pour obtenir ma place. Nous dinâmes ensuite ; il ne fut pas très à son aise pendant le dîner ; mais il fallait bien en avaler les morceaux. Ce malheureux en eut par la suite une maladie très grave, et me sollicita de demander pour lui sa démission ; ce que j’obtins sans difficulté.

# C'est seulement l’année suivante que, par décrets du 13 germinal (2 avril) et du 14 fforéal (3 mai), fut créée la compagnie d'aérostiers: