Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

18 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

fait jusqu'alors tout ce qu’il avait voulu. Je m’engageai par exemple à l’avenir à surveiller moi-même, comme je le devais, mon quartier-maitre, et à répondre personnellement de l'administration. Le général et les représentants furent pleinement convaincus de ma bonne foi, agréèrent mes assurances, et m'offrirent leur protection au besoin.

Fiatté d’avoir pu regagner la confiance de ces messieurs après l’opinion défavorable qu'ils avaient conçue sur mon compte, je redoublai de zèle pour continuer de la mériter, et tàcher de m'instruire dans cette partie de l'administration, que je né connaissais que très imparfaitement. Je fis sur-le-champ acheter tous les registres qui étaient nécessaires, et j'obtins de mon quartiermaître la promesse qu’il inscrirait désormais exactement toutes les recettes et dépenses, et ferait un journal. J’eus le chagrin, au bout de quinze jours, de voir que rien n’avançait, et, persuadé qu’une plus grande indulgence de ma part envers lui ne servirait qu’à lui faire commettre de nouvelles fautes et à me compromettre moimême aux yeux du général et des représentants, je pris le parti de le faire charger de force sur mon fourgon, avec les registres et tous les papiers qui lui étaient utiles pour travailler, et de le faire conduire, par une escorte de vingt-cinq hommes et un officier, dans les prisons de Dunkerque, où il devait rester jusqu’à ce que son travail fût entièrement terminé. Je rendis compte de cette mesure de rigueur au général et aux représentants qui m’approuvèrent. J’eus lieu de m’en applaudir moi-même, car, au bout de dix-huit jours, tous les comptes furent arrêtés et vérifiés. Quelques jours après, sur la demande du Comité de Salut public, je fis partir cet officier pour Paris où il devait faire partie d’une