Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

ARMÉES DU NORD ET DE SAMBRE-ET-MEUSE 29

Cependant, impatient de connaître l’issue d'une affaire qui, dans la circonstance, pouvait m'être funeste, et résolu, en tout cas, de ne point souffrir une mort ignominieuse, j'adressai mes plaintes aux représentants du peuple qui se trouvaient au siège de Valenciennes *. Un officier de mon bataillon, instruit, auquel j'avais sauvé la vie peu de temps auparavant, s’offrit de porter luimême mes plaintes, et de faire valoir mon innocence auprès des représentants. J'acceptai ses offres, et je lui remis ce que j'avais d'argent, avec ma montre, pour lui donner les moyens d'existence.

Dans l'incertitude d’être délivré de cette accusation tyrannique, j'avais caché sur moi un couteau pour me couper la gorge. L’heureux jour du 9 thermidor arriva, et je respirai enfin, et, quelque temps après, j'eus le bonheur de recevoir, avec ma mise en liberté, une lettre on ne peut plus flatteuse de la part des représentants, par lequel ils me témoignaient le plus vifregret de n'avoir point connu plus tôt mon affaire, pour être à même d’abréger ma captivité *.

Je partis de là pour Namur où se trouvait mon bataillon ?. Je reçus l’ordre ensuite de me rendre au blocus

1 C'étaient Duquesnoy et Lacoste qui accompagnaient le général Schérer dirigeant le siège de Valenciennes (29 thermidor-10 fructidor an I, 16-27 août 1794). ù

2 Il y à quelque chose de pareil dans la lettre de Gillet au Comité du salut public (24 thermidor, 11 août), où il conclut à la réintégration du général Tharreau, en rejetant le plus possible sa révocation sur Guyton de Morveaux et Saint-Just, de même que, à la nouvelle du 9 thermidor, il avait répudié toute solidarité avec celui-ci.

8 Namur s'était rendu le 30 messidor (18 juillet). Jourdan, dans la distribution des troupes du 20 thermidor (7 août), appela le 6° bataillon du Pas-de-Calais et le 2° du Nord à former la garnison de cette ville. Alors reparut Godart. Sur les 1,738 honnes de cette garnison, son bataillon en offrait 548 présents, quoique l’effectif fût de 1,124.

Toutefois, l'insurrection des Ardennes persistait, soldée et pourvue de canons. Jourdan y envoya des troupes à la fin de 1794.