Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

36 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

Au commencement de l’an IV, ma demi-brigade, connue sous la dénomination de demi-brigade du Pas-de Calais, prit le numéro 19° demi-brigade de ligne, et fut complétée par trois bataillons, le 1* du 40° régiment ci-devant Soissonnais, le 3° bataillon du Gard, et le 3° de Saône-et-Loire ‘.

Le général de division Schauembourg, inspecteur général, chargé de l’organisation de mon régiment, fit à cet effet réunir devant la caserne Finkmat ? tous les bataillons qu'il organisa, et fit manœuvrer ceux de mon ancienne demi-brigade. Je reçus les plus grands éloges de ce général en présence des troupes rassemblées. Il me complimenta sur la bonne tenue, la discipline et l'instruction de ces troupes, en m’assurant qu’il allait en rendre un compte très satisfaisant au gouvernement. Il ne dissimula pas qu’il connaissait toutes les peines que j'avais eues personnellement pour ramener la subordination parmi mes officiers, et me recommanda d'agir à l’avenir comme je l'avais déjà fait”.

Après une garnison de six semaines dans la place de Strasbourg, je pus reprendre mes anciennes positions, et nous fûmes répartis sur les bords du Rhin jusqu’à

1. S, aux notes.

? Pré aux pinsons. C'est encore, avec bien des accroissements, le principal quartier militaire de Strasbourg.

8 Il y avait à réformer partout. Les habitudes de maraudes, de violences, de désertions étaient bien répandues. Dans la 79° demi-brigade seulement, du 14 ventôse au 9 floréal (9 mars-27 avril) sept soldats venaient d'être condamnés pour méfaits dans la commune d'Urcheim, et quarante-quatre pour désertion, par le conseil de guerre de Marckolsheim. Huit fusiliers avaient déserté dans une marche de nuit du 3° bataillon, venant de Schelestadt (4 prairial, 23 mai). Il est vrai que cette désertion n’était souvent motivée que par le désir de revoir les proches, de reprendre auprès d'eux un peu de forces en mangeant, et était suivie du retour spontané à l’armée.