Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

ARMÉE DU RHIN 39

punition exemplaire des trois militaires désignés. En effet les gendarmes de la division eurent ordre de les arrêter, le lendemain matin, en présence de mes trois bataillons sous les armes. Le général nomma aussitôt une commission pour les juger. Le capitaine rapporteur, dans ses conclusions, opina pour la peine de mort. Un semblable exemple ne pouvait qu'être indispensable dans cette circonstance pour effrayer les mauvais sujets que l'impunité avait jusqu'alors enhardis à l’insubordination : et les membres de la commission auraient sans doute voté pour la mème peine, lorsqu'un soldat de la compagnie des trois accusés, fils d’un notaire de Mâcon, et mauvais sujet comme eux, qui s'était chargé de leur défense, persuada le tribunal que cette affaire n’était point de leur compétence, mais bien de celle d’un conseil de discipline. Il entra dans des détails afireux contre moi, et finalement détermina la commission à ordonner la mise en liberté de ses camarades ”.

Il n’en fallut pas davantage pour les faire triompher. Déjà ils se croyaient certains de l'impunité, lorsque, le mème jour, à l’appel du soir, ils ne furent pas peu surpris de voir arrêter de nouveau les trois soldats en question, ainsi que leur intime défenseur Bertrand. ‘Je venais d’en obtenir l'autorisation. Tous les quatre furent conduits dans les prisons de Constance, où ils sont restés, même après notre retraite. :

Nous ne tardâämes pas à faire un mouvement, et, tandis que le reste de l’armée entrait à Stuttgard, Tubingen, Héchingen, Riedlingen, nous gagnames Mengen, Ravensbourg, Wangen et Lindau, poussant toujours l'ennemi devant nous ?. Il s’arrêta pour dé-

1 Y. NV, aux notes.

2 Y, X, aux notes.