Mémoires sur la Révolution française

CONVERSATION AVEC LE DUC D'ORLÉANS 401 siré que cela püût être, même au péril de ma vie; que ces scènes de la veille et de cette nuit me paraissaient effroyables et que j'espérais qu'elles élaient faites pour guérir tous les admirateurs de cette hideuse Révolution. Le duc répondit : « Elles sont en effet terribles, mais dans toutes les révolutions on a toujours versé beaucoup de sang, et une fois commencées, on ne peut pas les arrêter quand on veut. » Il me parla de l'abominable meurtre de madame de Lamballe, de sa tête qu'on lui avait apportée au Palais-Royal pendant son diner. Il me parut très-impressionné de cette mort, et il avait fait, me dit-il, tout ce qui éiait en son pouvoir pour l'empêcher. D'après ce que j'appris ensuile, je suis sûre qu'il me disait vrai, car je l'ai toujours entendu exprimer une vive affection pour cette princesse infortanée. Il resta quelque temps avec moi; il était triste et dit que les révolutions devaient être très-bonnes et très-utiles pour nos

enfants, car elles étaient vraiment terribles