Mémoires sur la Révolution française

124 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT

aussi qu'à huit heures le duc d'Orléans était entré à la Convention, ce qui nous surprit tous. J'avais grand” peur qu'il ne votât pour la réclusion, car je n'ai jamais pensé à pis que cela. Chaque liste pourtant devenait plus alarmante, et enfin vers dix heures nous arriva la triste et fatale nouvelle de la condamnation du roi et du déshonneur du duc d'Orléans.

Je n'ai jamais ressenti pour personne une horreur pareille à celle que j’éprouvai en ce moment pour la conduite de ce prince. Nous étions tous dans une profonde affliction et dans les larmes. Le pauvre Biron qui était, hélas! républicain, avait presque un accès de désespoir. Un jeune aide de camp du duc arracha son uniforme et le jeta dans le feu, en disant qu'il rougirait de le porter désormais. Il se nommait Rutan et était de Nancy; c'était un noble et excellent jeune homme, qui n’avait point émigré par affection pour le pauvre Biron, quoique de cœur il fût avec

les princes. Quand ma voiture vint, je retournai