Mémoires sur la Révolution française

M. DE MALESHERBES 437 reur, qu'elle voulait s'enfuir ou se tuer, parce qu'elle ne pouvait vivre ainsi plus longtemps. Elle dit qu'étant riche comme elle l'était, on l’écorgerait certainement; qu’elle avait des bijoux, quelque argent comptant et qu'elle tâcherait de gagner l’Angleterre, où étaient déjà son mari et son fils aîné. Elle se jeta à mes pieds en me priant de voir le duc d’Orléans et de l’engager à l'aider, parce qu'elle le croyait tout-puissant. Je lui racontai ce qu'il m'avait dit pour mon passe-port; elle tomba alors dans le désespoir, se roula sur mon tapis, et j'eus vraiment peur qu’elle ne perdit la tête.

Elle resta avec moi quelque temps, et, la nuit venue, je la conduisis accompagnée de ma femme de chambre chez sa tante, madame de Sénozan, à la Porte-Saint-Honoré, qui n’était pas loin de chez moi. Là, j'eus le bonheur de passer deux heures avec M. de Malesherbes, l'ami de l’infortuné Louis XVI,

et d'entendre de sa propre bouche les détails de sa 8*