Mémoires sur la Révolution française

162 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT

de camp du duc de Biron, qui commandait celte armée. Il arriva au malheureux Biron l’ordre d’arrêter le jeune prince et de l'envoyer sous bonne escorte au fort de Marseille. Ce fut une tâche cruelle pour lui d'agir ainsi contre le fils de son ancien ami, un jeune homme qu'il aimait comme son enfant. Ils allaient juste se mettre à table quand l’ordre arriva. Le duc de Biron fut si affecté en le recevant qu’il pâlit, pleura et ne put manger. Il regardait tristement le jeune prince, qui s’élança vers lui en disant : — « Général, est-ce que mon malheureux père est mort? Vous me regardez d’un air si sombre et vous paraissez si chagrin! Je suis sûr que c’est la vérité. Dites-moi, pour Dieu, tout mon malheur! » Le duc prit le jeune prince dans ses bras et lui montra la funeste missive. « N'est-ce que cela? s’écria le jeune prince avec joie; bon Dieul que je me sens le cœur soulagé! je croyais que mon père n’existait plus. Laissez-moi partir de suite; j'es-

saierai de le distraire dans sa captivité. » Cette anec-