Mémoires sur la Révolution française

164 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT

amenés, parce que j'étais la seule personne au monde à qui elle désirât les confier. Elle me pria de les adopter comme mes propres enfants et me les mit dans les bras; ce fut une scène très-attendrissante. Elle nous dit bientôt, à eux età moi, un dernier adieu et retourna chez madame de Jarnac, d’où elle partit pour Calais. Six semaines après que ces chers enfants me furent confiés, j'écoutais lire Mélanie, quand les membres du comité révolutionnaire de ma section entrèrent dans ma chambre et me dirent que cette fois il fallait que je me rendisse promptement en prison, et, après avoir visité mes papiers, ils mirent les scellés sur toute ma maison. Sans qu'ils pussent m’entendre, j'ordonnai à ma femme de chambre de mener les enfants, dès que je serais partie, chez madame de Jarnac, qui avait été chargée, dans le cas où je serais arrêtée, de les envoyer chez une femme qui avait été leur bonne. Après avoir visité mes papiers et s’être fait servir un

dîner auquel je ne pris pas part, bien entendu, ils me