Mémoires sur la Révolution française

JE SUIS MISE EN LIBERTÉ 169 bien traitée alors. Pendant que j'étais au comité, il leur arriva une lettre du duc d'Orléans qui demandait qu’on lui envoyât 60,000 francs, et jeleurentendis dire que 30,000 élaient bien assez pour sa dépense. Les membres qui m'interrogeaient étaient Barrère, Billaud-Varennes, Merlin de Douai et Robespierre, qui me fit lui-même plusieurs questions; mais il n’était pas assis à la table et se promenait de long en large dans la salle. Tout cela se passait dans le charmant cabinet du roi, au pavillon de Flore, au milieu des meubles de ce malheureux prince. C’est dans cette même pièce que tous les meurtres furent signés, même celui de l’infortunée reine.

Je quittai Sainte-Pélagie sans penser que je ne devais pas y revenir, et je n'y pris pas congé de mes malheureux amis. Ma maison élait affreusement triste : je n’y fus pas un moment tranquille, chaque bruit me faisait croire qu’on venait m’arrêter; j'aurais presque préféré qu'on m’eût laissée à Sainle-Pélagie,

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