Mémoires sur la Révolution française

172 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT æ

déshabiller, ma femme de chambre me parut fort triste et me dit: «Mon Dieu, madame, comme vous me paraissez gaie cette nuit! Depuis des mois je ne vous avais pas vue aussi bien disposée.» — « C’est vrai, lui dis-je, je me sens réellement beaucoup mieux que je ne l’ai été depuis longtemps. »

— « Je souhaite vivement, me dit-elle, que rien ne vienne détruire cette gaîté. Dieu nous en garde! » ajouta-t-elle.

—« N'ayez donc pas l'air si triste, lui dis-je, je déteste de vous voir ainsi. »

Elle me demanda alors si j'avais entendu parler du procès de la reine. Je fus très-fâchée qu’elle me parlât de ce qui était un véritable chagrin pour moi : on instruisait en effet le procès de cette princesse infortunée. Je me mis au lit, et ma femme de chambre me souhaita le bonsoir à deux ou Trois reprises différentes et me baisa les mains,

sur lesquelles je sentis tomber des larmes. Je m'en-