Mémoires sur la Révolution française

SA BRUTALITÉ 199

entasser beaucoup de malheureux Nantais qui étaient, en route pour être jugés à Paris. [ls étaient arrivés de’ Nantes à pied, malades et dans le plus misérable état, quelques-uns étaient morts sur la route, sans doute de maladies gagnées dans les prisons. Je m'étonne qu'après une nuit passée sur la même paille qu'eux dans l'écurie, et quoiqu'ils fussent couverts de vermine, je n’aie pris d'eux aucune saleté. J'atiribue cela à un sachet très-parfumé que je portais toujours dans mon corset, et qui avait fait dire à ce monstre de Crasseau que j'abusais du luxe.

Le lendemain du jour ou je quittai les Récollets pour les écuries de la reine, une charrette couverte comme un chariot de bagage, avec de fortes barres de fer à l'extrémité, fut amenée dans la cour. Elle était remplie de paille et on nous y entassa autant que nous pouvions tenir; d’autres voitures arrivèrent ensuite pour le reste des prisonniers qui étaient

plus de quarante, j'étais seule des prisons de Ver-