Mémoires sur la Révolution française

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que me donnait la certitude du danger, je me mis à fondre en larmes. Lui, le malheureux, me conseilla de le livrer à la première patrouille, el de sauver ainsi ma vie, exprimant toute l'horreur qu'il éprouvait de la &ruelle situation oüilm'avait miseet dela certitude que Vous n’avions plus aucune chance de nous sauver. Cette pensée était affreuse, mais quand l'échafaud se serait dressé devant moi, je ne l’aurais pas abandonné, ni lui, ni tout autre dans une pareille position. Je repris un peu de courage; nous retournâmes sur nos pas, et, traversant le pont neuf du palais Bourbon, nous arrivämes aux Champs-Élysées, échappant heureusement à deux patrouilles. Mais, arrivés là, je fus aussi embarrassée que jamais. Qu'allions-nous devenir? Il était près d’onze heures et on ne rencontrait plus dans les rues que des soldats : nous ne pouvions manquer d’être découverts par eux. J'étais très-près de ma maison, que je pou-

vais voir des Champs-Élysées, mais comment ris-