Mémoires sur la Révolution française

MES AVENTURES EN L'AIDANT 85 je vis notre cocher soutenant Champcenelz, qui n'était pas en état de se tenir debout.

Je prétendis être furieuse et que mon domestique étaitivre. Le cocher me répondit qu'il en était bien fâché, mais qu'il lui fallait s’en retourner chez lui et qu'il n'avait nulle envie de se faire arrêter pour nous. Il partit donc et nous restâmes, Champcenetz et moi, pendant deux minutes, assis par terre, au pied d’un arbre. L'air le remit bientôt un peu, et il se trouva en état de marcher.

Nous nous altendions à être arrêlés à tout moment, et, dans ce cas, nous n'avions pas longtemps à vivre, ne pouvant espérer aucune grâce. Nous prîmes une avenue qui menait chez mon jardinier, mais quel fut notre effroi en voyant des troupes à l’autre bout de l'avenueet une patrouille qui venait au devant denous! M. de Champcenelz élait toujours très-malade depuis ” fièvre, et me trouvant hors d'état moi-même de le

soutenir, tant élaient grandes l'agitation et la faiblesse