Mémoires sur la Révolution française

MA TERREUR PENDANT LA VISITE DOMICILIAIRE 93

paux allaient entrer. Ni plume ni paroles ne peuvent donner la moindre idée de ce que j'éprouvai alors. Je sentais que j'étais perdue, sans pouvoir me rendre compte de l'endroit où j'étais; mais un profond soupir demon compagnon me rappela à moi-même en un instant et Dieu m'inspira plus de courage que je n’en eus jamais dans ma vie. L'horreur que me causaient les atrocités qui se commeltaient était si forte, que certainement je serais montée avec plaisir sur l’échafaud. Si les soldats étaient entrés alors dans ma chambre, je me serais perdue avec Champcenel{z, car j'étais déterminée à braver tous les dangers et à me livrer à eux. Heureusement ils visitèrent toutes les parties de la maison avant d'entrer chez moi; ils retournèrent et mirent en pièces les Lits de tous mes gens, enfonçant leurs baïonnettes dans les matelas et les lits de plume, jurant qu'ils ne quitteraient pas la maison qu'ils n’eussent trouvé Champce-

| netz. Ma femme de chambre et ma cuisinière, ne le