Mémoires sur la Révolution française

94 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT

sachant pas dans la maison, se montraient hardies et sans crainte; mais ces hommes disaient qu’on l'avait aperçu entrer chez moi et qu’on ne l'avait pas vu sorlir.

Cette longue perquisition me donna le temps de me remettre et de considérer de sang-froid ma déplorable position. Quoique ma propre vie fût de peu de valeur, je n'avais aucune raison de supposer que mon infortuné voisin ne prisât pas davantage la sienne. Je ne me trouvais donc aucun droit de commeltre un acie de désespoir, puisque la vie d’un de mes semblables dépendait de ma conduite. Telles étaient mes réflexions, lorsque ces misérables pénétrèrent violemment dans ma chambre en poussant d’affreuses imprécations. J'étais alors parfaitement calme, pleine de présence d'esprit et vraiment inspirée par un courage surnaturel; les flambeaux étaient tous allumés, le jour commençait à poindre et ma chambre ressem-

blait plutôt à une salle de bal qu’au théâtre de pareilles