Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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templez le soleil, la lune et les étoiles , comment n'y voyezvous pas l'Être suprême? Sa réplique est bien simple, et même quelque chose de plus, qui n'est pas précisément de l'atticisme ; mais il faut le laisser dire : « Je vois qu'il y a un soleil, une lune et des étoiles, et que vous êtes une bête.» Il ne dit pas autrement dans une lettre à Rœderer, pour le remercier de l'appui qu'il avait trouvé en lui dans une dispute avec La Harpe : « J'ai vécu, lui écrit-il entre autres choses, avec les plus célèbres athées, Buffon, Diderot, d'Holbach, d'Alembert, Condorcet, Helvétius: ils étaient persuadés qu'il fallait être un imbécile pour croire en Dieu. »….. « Pour moi, ajoute-t-il dans la suite de sa préface, transporté, à l’âge de 19 ans, à l’école du roi de Prusse et des philosophes dont il était entouré, j'ai appris à m'élever au-dessus des préjugés. .. ..: Ce n'est pas que je n’aime la religion , parce qu’elle met dans les mains de ses ministres des moyens de contribuer au bonheur de l'humanité ; un bon curé est un trésor; mais les prêtres ont horriblement abusé de leur empire, et ils doivent me pardonner quelque inquiétude à leur sujet... . .. Dans mon voyage en lialie (1765), j'ai fait voir mon respect pour la religion. Le pape Clément XIII m'aimait beaucoup, parce que j'étais adorateur des jésuites; connaissant mes opinions philosophiques, il fit des efforts pour me convertir, mais il ne put obtenir du ciel la grâce efficace pour moi. »............ -....(«Du reste, je ne désire pas que mes raisonnements sur Dieu aient une grande publicité; j'en fais imprimer un petit nombre pour les adeptes :

< Non est hic piscis omnium, »