Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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comme entre le principe et la conséquence ; de l'un à l'autre, il y a le plus étroit rapport.

Je ne voudrais pas non plus omettre l’article de Frédéric, pour un trait qui m'y semble bon à relever. Frédéric se glorifiait un jour devant Baculard d’Arnaud de son athéisme ; celui-ci n'étant pas de son avis, le roi lui dit : « Comment vous en êtes encore à ces vieilleries ? — Oui, sire, j'ai besoin de croire qu’il est un être au-dessus des rois. » Delalande pouvait bien citer l’anecdote pour prouver que Frédéric ne croyait pas ; mais il aurait dû nous dire s’il trouvait qu’elle prouvât pour ou contre l’athéisme.

Delalande fait arme de tout, du plaisant comme du sérieux, du léger comme du grave, et il s’autorise même à ce titre du nom de Püs, secrétaire général de la préfecture de police, qui, dit-il, composa pour lui une très-joliechanson, dans laquelle il y avait ce couplet :

La nature s'étant faite

Seule comme la voilà,

Suivez la doctrine abstraite

Du pénétrant Spinosa ,

Sans quoi de vous , landerirette , M. Delalande rira.

À la fin de ce supplément, se présentent encore, souslenom d'addition, 4 ou 5 petits articles, entre les lesquels je citeterai, pour terminer, celui de Naigeon ; il est conçu en ces termes : « Naigeon, un de nos meilleurs athées, n'osait pas en convenir (c'était donc depuis peu , pourrait-on faire observer à Delalande, car auparavant il ne gardait guère son secret) ; moi, qui ne crains rien et ne désire rien de personne, je dis toujours la vérité tout entière ; je crois