Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

— 1925 —

flexions, de quelques sérieuses démonstrations ; il n’en estaucunavec lequel ilnem'ait été facile de passer de la critique à la doctrine. C'est ainsi que j'ai dogmatisé, avec d'Alembert, sur la condition humaine; avec Diderot, sur le beau; avec Helvétius, sur le bien et l'amour dont il doit être l'objet ; avec d'Argens, sur le vrai; avec d'Holbach, sur Dieu ; avec Delamettrie lui-même, sur l’âme et ses besoins; qu'avec tous, même les moins considérables, j'ai pu faire œuvre de philosophie et traiter l’histoire selon sa fin véritable, qui est d'être non pas le terme, mais la préparation et la garantie de tout travail philosophique.

Ainsi un des motifs qui m'ont déterminé à entreprendre et à poursuivre cette suite de mémoires sur le sensualisme au xvin® siècle, a été l'espérance, que je ne crois pas tout à fait vaine, de rendre à la philosophie contemporaine, au moyen d’un peu d'histoire, quelques services de doctrine et sage direction. Je n'ai pas ignoré, j'ai éprouvé, j'ai senti les dégoûts de plus d’un genre, inhérents à cette tâche trop souvent bien ingrate, mais je les ai comptés pour peu, en comparaison des avantages dont elle pouvait être pour ceux, qui, grâce à mes soins, en recueilleraient les fruits, sans en connaître les fastidieux labeurs et les perplexités.

Quelque jour, bientôt peut-être, je donnerai réunis ces mémoires, qui auront déjà recu , chfcun à part, une première publicité et auront successivement paru dans le recueil de vos Comptes-Rendus. Ainsi rapprochés, ils n’en formeront pas mieux ce que par leur nature ils n'étaient pas destinés à être, une œuvre nue, une histoire, l'histoire de la philosophie sensualiste au xvrn° siècle; ils en resteront de simples éléments. Mais à défaut de cette unité de composi-