Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

MGR …

que, pour une part, l’auteur des articles réunis sous le titre collectif de Théologie portative.

Du reste, si à cette époque (1767), et durant l'intervalle de temps qui va de 1765 à 1776, où il y eut un redoublement de productions irréligieuses , au point qu'en 4770, il ÿ en avait déjà plus de vingt condamnées , on peut beaucoup prêter à Naigeon, travaillant seul ou en société, il ne faut cependant pas, comme on l’a fait (1), sans preuve suffisante, lui attribuer ce qui ne lui appartient évidemment pas, comme par exemple, l’Examen critique des apologistes chrétiens, mis ordinairement sous le nom de Fréret.

Il est bien vrai, en effet, qu'on a, à cet égard, la déclaration de Naïgeon qui dit que « quand il voulut donner l'édition de cet ouvrage, il réunit plus de vingt manuscrits; qu'aucun de ces manuscrits n’était complet; qu'aucun n'était en ordre, que tous offraient les mêmes lacunes, les mêmes transpositions, les mêmes déplacements ; que l'ouvrage, tel que le donnaïent les manuscrits, était illisible et incompréhensible; que c'est lui Naigeon qui a remis en place les morceaux transposés , complété les phrases tronquées, et suppléé par un texte de sa composition aux nombreuses lacunes, et qu'il à mis ainsi l’ouvrage en état de paraître; » mais de cette déclaration, conclure qu'il est non pas simplement l'éditeur, mais l’auteur même du livre, c'est, ce me semble, tomber dans une double inexactitude ; car d'une part c’est infirmer, sans la peser , la parole de Naigeon ; de l’autre c’est mettre dans la conséquence plus qu'il n’y a dans les prémisses.

(1) M. Walkenaer, dans son mémoire d'ailleurs fort intéressant sur les manuscrits de Fréret.