Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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une théologie de poche, dans laquelle chacun trouvera la solution de toutes les difficultés qui pourraient s'élever sur cette importante matière. À l’aide de cepetit dictionnaire, lesgrands et les petits, les personnes éclairées ainsi que les plus simples, les femmes même seront en état de parler pertinemment d'un grand nombre de questions qui jusqu'ici ne s'étaient montrées qu’environnées de nuages. On espère donc que ce travail, qui n’est qu'une tentative, sera recu favorablement du public, et méritera surtout l'approbation du clergé, qui y trouvera tous ses droits établis d’une manière inébranlable.

On sentira (en Îe lisant) que toutes les parties de la religion se prêtent un secours mutuel, que les théologiens font la religion, et que la religion n’a jamais que les théologiens pour objet, système vraiment céleste, et dont jamais rien sur la terre ne peut altérer la solidité. . . . Tantum series juncturaque pollet. »

Quelle innocence apparente dans cet avertissement, quelle ‘ bénignité dans ces mots! mais au fond et pour qui en sait le secret, quelle ironie, quelle moquerie comme prélude à tout ce détail d'impiétés du pire caractère, d’impiétés bouffonnes, qui vont être semées à pleines mains dans toute la suite de ce recueil ! Voltaire le trouve salé, il se peut, mais c'est d’un sel souvent de bien mauvais goût, et jamais de fort bon choix.

Dès le début, et dans une sorte d'introduction, on attaque les religions fausses et leurs ministres, ce qui semble promettre la paix à la religion vraie et aux siens ; mais ce n’est qu’un tour dont il ne faut pas être dupe; car tout aussitôt, avec une modération apparente et ironique, on dirige ses