Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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freux , qui soumet tout à la nécessité dans un monde réglé par les lois immuables de la divinité, sans la volonté de laquelle rien ne peut arriver. Si tout était nécessaire , adieu le libre arbitre de l'homme, dont les prêtres ont si grand besoin pour le damner. » Et c’est ce que confirme expressément l’article du libre arbitre , « sans lequel , est-il répété, les prêtres ne pourraient pas nous damner, et à laide duquel nous jouissons, par-dessus les autres animaux et les plantes, de la faculté de pouvoir nous perdre pour toujours. » Ainsi voilà celui des attributs de l'âme qu'on peut le moins sérieusement mettre en doute, celui que doivent le plus affirmer les amis de la liberté civile et religieuse, comme prétendaient l'être les auteurs de ces propositions, le voilà, dis-je, nié par eux contre toute vérité et toute raison , et cela pour le seul plaisir de lancer sans justesse un trait de plus contre la doctrine chrétienne. Il faut se reporter aux temps, aux lieux, aux mœurs, aux circonstances variées où de telles faussetés et de telles inconséquences avaient cours et faveur pour s'expliquer la facilité et la légèreté avec lesquelles elles étaient proposées et acceptées ; il faut en revenir à ce besoin et à cet intérêt de négation et de ruine, qui aveuglaient alors et emportaient les esprits. Ce scepticisme précipité et facile, ne coûtait à personne ; il coulait comme de source, et se répandait sur tout indistinctement, sans la moindre retenue ni le moindre scrupule. Voilà pour la psychologie qui est qualifiée, en dernière ‘analyse, « de science très-importante, très-subtile, à l’aide de laquelle chacun peut se mettre à portée de connaître à fond de belles choses, dont les sens ne fournissent aucune idée, de sorte que tous les chrétiens sont de profonds métaphysi-