Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

nant des abstinences, la religion remédie sagement à la trop grande bonté de Dieu. »

Voyez aussi l’article charité, conçu en ces termes : « c'est la plus importante de toutes les vertus. Elle consiste à aimer par-dessus toute chose un Dieu que nous ne connaissons guère, ou ses prêtres que nous connaissons très-bien ; de plus, elle veut que nous aimions notre prochain comme nous-mêmes, pourvu néanmoins qu'il aime Dieu ou ses prêtres , et qu'il en soit aimé ; sans cela il est convenable de le tuer par charité. » Et celui de prochain dont voici également le texte : & un bon chrétien doit aimer son prochain comme lui-même. Or, un bon chrétien doit se haïr luimême ; d'où il suit qu'un bon chrétien doit faire enrager son prochain, pour gagner à frais communs le paradis; » et celui d'épreuves , qui a aussi son trait contre la divine providence, comme on en peut juger par la citation que nous allons faire : «les épreuves sont des piéges ingénieux et subtils, que, pour s'amuser, la divinité, qui sait tout et qui lit dans les cœurs, tend aux hommes qu’elle favorise, afin de découvrir leurs dispositions cachées, et pour savoir à quoi s’en tenir sur leur compte. » Joignez-y l’article esperance qui luisert pour ainsi dire de complément, et vous aurez un développement de plus de la même doctrine : « l'espérance consiste à mépriser tout ce que nous connaissons de bon icibas, pour attendre, dans un pays inconnu, des biens inconnus, que nos prêtres, pour notre argent, nous apprennent que nous connaîtrons quelque jour. » Viennent maintenant les articles zèle etenthousiasme, et on sera tout préparé à les goûter et à les bien prendre ; on admettra, en effet, sans peine que « le zèle est une fièvre sacrée, accompagnée de redou-

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