Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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on dit : « Dieu est immense, ilest partout , il remplit tout, il est donc dans moi quand je fais une sottise? — Eh ! point du tout, grand nigaud , il est partout, sans néanmoins être dans vous. — Ah! j'entends, c'est un mystère ; » el touchant l'immuabilité : « Dieu est immuable, c'est-à-dire n'est pas susceptible de changement ; cependant nous trouvons, dans des papiers, que souvent il a changé de projets, ‘d'amis, et même de religion. Mais tous ces changements ne peuvent nuire à son immuabilité. » Il est également question de sa bonté, mais voyez la finesse, c'est à l’article mechant qu'on en parle; on y dit : « Dieu est infiniment bon, mais il est très-essentiel de le faire, sans en rien dire , plus méchant que le diable; il en revient toujours quelque chose à ceux qui savent le secret de l’apaiser; avec un Dieu trop bon, le clergé ferait très-mal ses affaires.» … « Dieu est créateur et ordonnateur à peu près comme il est bon. » .… « La création est en effet, chez lui, un acte incompréhensible de sa totepuissance, qui de rien à fait tout ce que nous voyons. Les athées nient la possibilité du fait, mais ilsmanquent de foi; les théologiens leur prouveront que des riens suflisent pour mettre l'univers en combustion ; l'Église leur fera voir qu'avec rien, on peut faire de l'or et de l'argent;» et quant « à l’ordre qui règne dans l'univers , c'est l’arrangement merveilleux, qu'ont le bonheur de voir dans la nature ceux qui la regardent avec les bésicles de la foi; elles ont la vertu d'empécher ceux qui les portent d'apercevoir aucun désordre dans le monde: ils n’y voient ni maladies, ni crimes ; ni guerres, ni tremblements de terre, ni théologiens intolérants ; » et la prescience divine doit se prendre au même sens : « c'estun attribut au moyen duquel Dieu a le plaisir de savoir les,