Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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baron d'Holbach, des disputes fréquentes et vives, où je combattais son athéisme dogmatique ; je ne l'avais pas converti, car, dans son adresse, non-seulement il préchait sa belle doctrine, mais il exhortait l'assemblée nationale à se conduire dans ses grandes vues. . .. : : . .

Ce que je trouvais de plus curieux dans les atrocités que je viens de traverser, n'est pas qu'on eût énoncé impunément ces pensées dans un pays encore chrétien, mais qu'on les eût adressées à l'assemblée nationale. Mon étonnement a cessé, lorsque j'ai vu ensuite l'athéisme professé à la tribune de la convention, et en plein conseil de la commune, par les Dupont, les Lequinio, les Chaumette et les Hébert... Ces résultats prouvent que l’auteur de ladresse avait bien mieux jugé que moi l'esprit et les vues de nos assemblées révolutionnaires, et je crois aujourd’hui que je me suis grossièrement trompé, en disant, dans ma brochure, que l'auteur calomniait les intentions de} l'assemblée en lui adressant son ouvrage ; je suis aujourd'hui désabusé. »

Ce jugement de Morellet, qui n'aïmait pas Naigeon, et qui ne l'épargnait guère, tout en paraissant vouloirle ménager, en tout n’est pas inexact, et Naigeon lui-même, je pense, l'eût peu contesté.

Un rapide examen de l'écrit, dont il s’agit, nous suffira pour le vérifier.

L'adresse à l'assemblée nationale est assez étendue, et se divise.en deux parties, dont la première est consacrée à cette question : Doit-on parler de Dieu et en général d'une religion dans une déclaration des droits de l'homme? Et seconde est celle-ci : La liberté des opinions, quel qu'en soit