Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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l'homme, sont nécessairement plus forts , plus déterminants que ceux qu'on tire de la religion. Le dévot craint Dieu , il est vrai, mais il ne peut jamais avoir des idées aussi claires, aussi précises des dispositions et des jugements de Dieu, que de ceux des hommes; un seul témoin, fût-ce un enfant, lui impose plus que l'idée de la présence de Dieu. « Le nom de Dieu ne doit donc pas se trouver dans une déclaration de droits naturels, de gouvernement civil, de droit des gens, ni dans un traité de morale et de philosophierationnelle, pas plus que dans un ouyrage de géomérie ou de physique. Les seules matières où il soit permis de parler de Dieu sont celles des théologiens , que Hobbes définit avec sa précision ordinaire, le royaume des ténèbres , regnum tenebrarum, . +: + + 2 sa Wéensar

.. .» Dans les livres , comme dans les conversations, il ne faut parler de Dieu que très-rarement et le plus brièvement qu'il est possible ; c'est une des idées avec lesquelles il est bon que le peuple ne se familiarise pas trop : € Les choses les plus ignorées, dit Montaigne, sont les plus propres à être déifiées. » … « Un moyen sûr, poursuit Naigeon, dene pas craindre les fantômes, c’est de les voir de près ; ils s'agrandissent toujours dans l'imagination par la distance et le secret: et Dieu qui ne se montre jamais, et les despotes orientaux, qui ne se montrent que rarement savent bien ce qu'ils font, major à longinquo reverentia; cela est vrai de tout temps et le sera toujours. » Ainsi, pour rendre ici toute la pensée de Naigeon, qui ne se refusérait de l'expliquer et de la déclarer dans cesens, Dieu estun fantôme, une vaine image, qui n'a de réalité que celle qu'on lui prête, en la plaçant au