Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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rents points de vue, Sylvain Maréchal ne croirait pas avoir suffisamment éclairci et justifié l’idée qu'il en présente , s'ilne réfutait encore différentes raisons, que l'on propose en faveur de Dieu, et par conséquent contre l'athée. Ainsi, l’on dit que Dieu est utile à la société : « Oui, réplique-t-il, comme un vieux meuble, qui, loin de servir, ne fait qu'embarrasser, mais que l’on se transmet de la main à la main dans les familles, et que l’on garde religieusement, parce que le fils l'a recu du père, et le père de l'aïeul. »

On insiste et l’on dit : «Un Dieu et des prêtres sont aussi nécessaires qu’un magistrat de police et des espions, » l'insistance, il faut l'avouer, est étrange et doit venir de gens peu difficiles en arguments. Aussi la réfutation vaut l'objection : « La contre-police des prêtres ne vaudra jamais l'active surveillance des espions, et un bon tribunal de police correctionnelle suffirait à tout. Les doubles emplois se nuisent et se paralysent réciproquement. » On retrouve ici Naigeon et Sylvain Maréchal à la fois, et de leurs raisons réunies, l’athée sort on ne peut plus plausible, puisqu'il ne fait que nier ce qui de soi est mutile ou nul.

Cependant on s’avise que la suppression de Dieu n’est pas aussi simple et aussi innocente qu’elle pourrait le paraître d’abord, et on soupconne même l’athéisme de démoraliser la société. L'auteur le prend alors sur un ton de récrimination, que je ne puis rendre dans tous ses termes, mais que feront cependant assez -sentir les paroles suivantes : « Prêtres, vous osez bien nous dire que l'athéisme démoralise ! et vous théistes, adorateurs d’une toute-puissante providence , qui a permis les sanglantes immoralités d'une révolution de dix années, vous dites que l’athéisme démoralise |... Ù