Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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que théologiens et savants plus que métaphysiciens, ils pouvaient avoir dans leur cœur, avec l'orgueil de la science dont ils faisaient la gloire, la faiblesse de ne bien croire qu’à l'objet propre auquel elle se rapporte, sans pour cela rejeter et nier expressément l'être auquel remonte et conduit toute géométrie, comme toute poésie, et dont ils ne se détournaient sans doute que par préoccupation d'esprit et distraction scientifique.

Voilà les principales remarques que j'avais à faire sur le Dictionnaire des athées ; mais elles seraient incomplètes, si je n’y en ajoutais quelques autres relatives au double supplément dont l’a enrichi Delalande.

Sylvain Maréchal avait eu le dessein de faire ces additions ; il en avait parlé à son ami ; mais il était mort sans les publier, et même sans lui en rien communiquer. C'est par fidélité à cette intention, et pour l’honneur de la secte, comme il le dit, que Delalande les donna.

Dans la première, il se défend contre certains reproches qu'on lui adresse ou contre certaines objections qu'on lui oppose.

Il parle trop d’'athéisme, dit-on, il en convient; c’est un effet de l'amour-propre : « Il me semble, ajoutet-il, que je m'élève ainsi au-dessus du vulgaire; je suis plus content de moi, je m'estime d'avantage en me voyant si convaincu, si affermi , si sûr d’une vérité si contestée, si méconnue... Je me félicite plus de mes progrès en athéisme, que de ceux que je puis avoir fait en astronomie. . . … Je crois la vertu d'un athée plus sûre et plus noble que celle d'un croyant. Quelle espèce de probité se donnent les théistes, si ce n'est celle de la crainte, de la bassesse et de l'intérêt? »... « La

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