Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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méconnu, il les accusait, dans d’amères critiques, d'avoir usé à son égard d’une injuste partialité. « Pour fixer son choix, écrivait-il ironiquement, cette illustre compagnie, ér0p longtemps (1) indécise, a pris le sage parti de compler les pages. » « Que m'importe, disait-il plus loin, le génie de Newton ? Je démontre que ses expériences sont illusoires; je développe cinq classes de phénomènes absolument nouveaux; je les accompagne d'une démonstration si complète, qu'à la vue d’un seul de ces faits Newton lui-même se serail empressé d'abandonner son système. » C'était là une de ces exagérations, une de ces boutades de méchante humeur, comme en laissent échapper les amours-propres blessés.

Le géomètre Lalande, dont le témoignage, hâtons-nous de le dire, est des plus suspects, estallé jusqu’à dire que Marat était à ce point fier de ses travaux qu'il n’avait pas hésité à fournir à l'Académie de Lyon la somme nécessaire pour le prix extraordinaire qu'il ambitionnaïit.

Cette calomnie, dont Lalande s’est constitué le premier éditeur, (2) a été reprise, de nos jours,

(1) V. les documents justificatifs, n°5 XV à .XXXIII (Correspondance entre Marat et les membres de l’Académie des Sciences) d’après Chévremont. Esprit politique de Marat, t. II, p. 410-430.

(2 Dans l'Histoire des Mathématiques de Montucla, t. II1,-594,