Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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publie qu'il paraîtra, sous peu de jours, un ouvrage intitulé : Les Charlatans modernes, où Lettres sur le charlatanisme académique (1) »; et le lendemain on lisait dans la même feuille : « L'ami du peuple ayant trouvé dans les papiers d'un homme célèbre un manuscrit très piquant sur les charlatans modernes, a €ru devoir le livrer à la presse pour l'édification publique ».

Comme l'indique le sous-titre, cet opuscule est écrit sous forme de lettres. Ces lettres, au nombre de douze, sont adressées à un certain Camille (peut-être Camille Desmoulins).

L'auteur s’insurge d'abord contre les préjugés que le temps détruit, mais qu'on s’empresse de remplacer : « Nous ne croyons plus en Dieu, mais nous croyons au diable ; nous nousmoquons des martyrs, mais nous révérons les magiciens. Nous jouons les esprits forts, et nous sommes des illuminés ». Souvenons-nous que nous vivons au temps des Mesmer et des Cagliostro, qui sont presque oubliès, mais comptent encore nombre de partisans.

Et dans quel monde les prend-on au sérieux? Dans le milieu académique, dans l’Académie française elle-même « où ils onttrouvé plusieurs suppôts ». Il est juste d'ajouter que l’Académie

(1) Publiées par M. Marat, l'ami du peuple, avec l’épigraphe : Facit Indignatio Versum (Juvénal, Satyr. I). De l'imprimerie de Marat, 1791.