Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

107 =: MARAT INCONNU

des sciences n’a pas emboîté le pas. Elle a bien d’autres chats à fouetter! La manie des sysièmes s’y est emparée de tous les savants. Les physiciens s'efforcent de ramener à un seul agent toutes les forces de la nature, tandis que les chimistes multiplient ces agents à l'infini. Au lieu de faire des expériences, on discute, à perte de vue, sur de menus faits, qu'on tourne et retourné en tous sens. Et voilà la docte compagnie que l'État entretient à grands frais! Voilà les grands hommes que le gouvernement pensionne, pour qui même il crée des charges sans emploi, mais toutes grassement rétribuées. Qu'on procure au savant de quoi vivre et travailler, qu'on le mette en état d'acquérir les instruments qui lui sont utiles, rien de mieux. Qu'on récompense le mérite par une distinction honorifique, passe encore. Lui donner plus, « c'est manquer le but, c'est éteindre les talents au lieu de les encourager ».

Ne faut-il pas satisfaire l'ambition des intrigants, pour qui tous les moyens sont bons, quand ils veulent arriver à leurs fins? « Combien doivent, en effet, leur fortune au manège de leurs chastes moïtiés ! (1) » Au moins, de nos jours, trouvent-ils le temps de travailler, quoiqu'ils disposent de quelques loisirs! Nos aïeux, s'il

(1) Marat, Les Charlatans modernes, loc. cit.