Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits
MARAT INCONNU 271
Le lendemain de sa visite à Albertine, Raspail se rendait à Nantes, où il était convié à un banquet patriotique. Arrêté le soir même dans la diligence qui le transportait, il fut incarcéré et ne revint à Paris qu'après plusieurs mois de détention. À son retour, il ne put recueillir aucun renseignement précis sur le sort d’Albertine Marat.
Il n’apprit qu'en 1865 la mort de l’héroïque femme, c'est-à-dire vingt-quatre ans après l'événement.
On a conté, à tort selon nous, qu'elle avait fini ses jours dans un lit d'hôpital, à la Salpètrière. Nous inclinons plutôt à penser qu'elle s’éteignit dans son humble mansarde de la rue de la Barillerie. C’est là qu'elle habitait avec la compagne de son frère, Simonne Evrard, vivant toutes deux du produit de leurs mains (Albertine exécutait des travaux de bijouterie des plus délicats) et d’une petite rente (1) de 560 francs sur l'État, dernier débris d'une modeste fortune.
(1) En octobre 1193, un certain Arnoux, directeur de l’hôpital militaire de Montpellier, avait fait une rente annuelle de 50 L. à la « veuve Marat », comme l'atteste le document inédit, que nous devons à la gracieuseté de M. de la Pijardière, archiviste de l'Hérault :
« Le citoyen Arnoux a offert 50 L. pour être payées pendant sa vie et chaque année à titre de pension à la veuve Marat, il a en conséquence payé d'avance ladite somme, ajoutant que, s'il croyait que la nation entière n'imitàt