Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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quiconque en à besoin, et doit avoir toute sûreté à cet égaré, remettant là-dessus sa vengeance au ministère public, nous requérant acte de tout ce que dessus.

Signé : Jran-Pauz MARAT. THIOT,.

L'information eut lieu le 17 janvier suivant avec Marat (qui se dit âgé de trente-trois ans) et Nicolas Dumoulin (vingt-cinq ans) domestique, pour témoins. Cette information, au dire de M. Claretie, ne nous apprend rien de nouveau.

Pareille mésaventure était arrivée à un certain Vernage, docteur de Paris, écuyer et censeur royal, dont le narrateur Collé nous a conservé l'histoire:

Une dame Desmartrais, sa cliente, tombe gravement malade. Comme elle était trés vaporeuse (pour sacrifier à la mode du jour) Vernage s'en inquiète peu. Son collègue Pousse, dont le nom prèta si souvent à de plaisants quiproquos, appelé en cette circonstance, lui donne un traitement énergique et la remet sur pied. Voilà que Vernage, se ravisant, vient faire sa visite. Ua laquais l’aperçoit arrivant en carrosse ; il se blottit dans un coin, armé d’un solide bâton et se dispose à administrer à notre confrère une volée de bois vert, quand on intervient assez à temps pour préserver la victime désignée de cette brutale agression. Vernage en eut une frayeur mortelle, assure Collé ; il en fit même une maladie dont il fut saigné trois fois. « C’est une lecon your MM. les médecins, ajoute-t-il malicieusement, qui devraient bien se contenter de ne savoir pas guérir, et d'exercer une profession aussi vaine et aussi impossible que la leur sans joindre encore à leur aveuglement ces traits marqués d'inhumänité. »

Comme ils vont regretter le bon vieux temps, ces fanfarons de santé, qui médisent si volontiers de la médecine et des médecins!

(D A. C)) N° IV Lettre de M. le Marquis de Gouy à M. Marat

Paris, 21 août 1781.

J'ai le malheur, monsieur, de voir périr sous mes yeux mon fils cadet, qui est actuellement dans un état affreux. A la suite d’une hemoptisie dans laquelle il a perdu, à Lille il y a deux ans, 120 onces de sang, sa poitrine