Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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de charlatan ; que lui, comparant, s’étant levé, a répondu qu'il était surpris qu’on l’eût fait venir pour l’insulter, et qu’il n'était pas fait pour souffrir de pareils procédés. Sur quoi mondit sieur de Zabielo lui aurait porté un coup de poing sur la tête ; qu'au même instant il s’est trouvé assailli par lesdits sieurs de Zabielo, Darnouville et Darbel, qui l’ont frappé sur la tête, lui ont arraché beaucoup de cheveux et lui ont fait des marques de leurs violences au doigt et à la lèvre inférieure ; en effet nous avons aperçu de petites excoriations, l’une au petit doigt de la main gauche et l’autre au visage, sous la lèvre inférieure du plaignant ; qu’il n’est parvenu à se dégager qu’en mettant l'épée à la main pour les repousser; qu'à l'instant il s’est senti saisi le bras par eux, qui ont sauté sur la lame de son épée, qu'ils ont cassée ; que dans un moment aussi critique il aurait crié à son laquais, qui était resté dans l’antichambre : « À moi! Dumoulin ! on m'assassine ! » Que son laquais, entendant le bruit, était accouru, et voulut entrer ; mais ledit Flamand l'en vouloit empêcher. Que de suite ce dernier fut joint auxdits sieurs de Zabielo, Darnouville et Darbel en disant: « Laissez-moi faire, monsieur le comte, j'aurai bientôt fait son affaire. » Que le plaignant, livré à leur fureur, s'était vigoureusement défendu et qu'à l’aide de son laquais qui crioit sans cesse aux assaillans: « Ne le tuez pas ! » il s’étoit enfin débarrassé. Qu'en se retirant, il avoit été poursuivi et assailli de nouveau par ledit Darnouville, dont il s'étoit dégagé avec la poignée de son épée. Que parvenu à gagner la rue, il s’étoit rendu chez lui pour examiner l’état de sa tête où il sentoit de vives douleurs et où il a vu les signes de violence ci-dessus énoncés, et de là chez nous, pour des faits ci-dessus, circonstances et dépendances, nous rendre la présente plainte, contre lesdits sieurs de Zabielo, Darnouville, Darbel, Flamand et autres, leurs complices, fauteurs et adherens, que comme homme public il dénonce au ministère de M. le procureur du roi, attendu que les fonctions du plaignant l’engagent à prêter des secours à