Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

MARAT INCONNU 291

N° VIII

Découvertes de M. Marat, docteur etc., sur le feu, l'électricité et la lumière, constatées par une suile d'ecpériences nouvelles qui viennent d'être vérifiées par MM. les commissaires de l'Académie des sciences à Paris, de l'imprimerie de Clousier, rue SaintJacques, 1779.

(Journal de Paris, 4 août 1779)

Depuis tant de siècles que les philosophes étudient la nature du Feu, ils n'avaient encore sur cet Élément que des opinions vagues et destituées de fondement ; mais les recherches approfondies de M. Marat paraissent enfin pouvoir conduire à des connaissances certaines. Cet habile physicien s’est frayé une route toute nouvelle à l’aide d’une méthode dont il est l'inventeur et qu'il a employée avec le plus grand succès. En effet, il est parvenu par ce moyen non seulement à rendre visible le fluide igné, le fluide électrique, l'air même; mais à démontrer encore l’action de ces trois puissants agens de la nature l’un sur l’autre et à en assigner les propriétés caractéristiques au point de prouver, chose très étonnante, que le principe de la chaleur ne se trouve point dans les rayons solaires, qu'il n'en est pas une émanalion comme on l’a cru jusqu'à présent, et que si les rayons solaires produisent de la chaleur, ce n’est qu'autant qu'ils excitent dans les corps le mouvement du fluide igné qui y est contenu ; que si le fluide igné diffère absolument de la matière lumineuse, il ne diffère pas moins du fluide électrique avec lequel on l’a confondu. Cent seize expériences, toutes plus intéressantes les unes que les autres, viennent à l'appui de ce système ingénieux, M. Marat a senti la nécessité de l'étayer de faits ; car dans un siècle éclairé autant que le nôtre, il n’y à plus de fortune à espérer pour la théorie, même la plus belle,