Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
316 MARIE-ANTOINEITE
» Mais je n'ai plus la force d’en parler et je ne sais comment je supporte l’état dans lequel je me trouve. La contrainte que je suis obligé de m'imposer en augmente l'horreur. Je ne parviens pas assez à me cacher et les gens que je rencontre ne s'en aperçoivent que trop.
» Nous sommes ici sans nouvelles. Il se passe quelquefois six à sept jours sans que nous en recevions. Je voudrais maintenant n'en pas recevoir, tellement je crains qu’elles ne comblent la mesure. Adieu! »
Les nouvelles sont venues; elles comblent la mesure. Une lettre de l'évèque de Tours lui apprend l'exécution de Louis XVI. Il écrit :
Ce 15 février (1193).
« Ma chère Sophie,
» Vous savez sans doute déjà que le Roi de France est mort. L'image de Louis XVI montant à l’échaaud ne me quitte plus. L'assassinat de deux rois”, dont les bontés me sont toujours présentes à la mémoire et dont le souvenir m'est cher, ne cesse d’occuper mes pensées, et la crainte sur le sort du reste de la famille infortunée pénètre mon âme de la plus vive douleur. Joignez à cela le mauvais état de la santé de mon père, le chagrin de ne pouvoir me rendre auprès de lui; j'éprouve une mélancolie, un dégoût de toute chose, que je ne puis vaincre... »
4. Gustave II, Louis XVI.