Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE Son

regretter, voilà ma consolation; rechercher tout ce que je puis trouver d’elle et en faire un trésor, voilà tout mon soin; en parler discrètement, voilà mon apaisement. Sa perte sera le chagrin de toute ma vie. Jamais je n’ai autant senti tout le prix de ce que je possédai eb jamais je ne l'ai tant aimé.

» Je ne vous parlerai pas non plus de mes projets : je n’en fais aucun; je me sens incapable d’en former, Ces enfants me préoccupent encore; leur sort est mon tourment maintenant. Cette infortunée fille que deviendra-t-elle? Quelles horreurs, quelles humiliations ne lui fera-t-on pas subir? Ce fils que fait-il? Le cœur se déchire en y pensant. Mon Dieu, ne mettrez-vous pas un terme à tant de souffrances, ne punirez-vous pas tant de forfaits? Adieu, ma tendre Sophie. Je finis, car j'augmente votre douleur et la mienne. Aimez toujours et plaignez votre malheureux frère. »

Il n’est rentré en Suède qu’en 1796, à l'avènement au trône de Gustave IV qui le nommait grand-maréchal du royaume. Mais il est allé d’abord à Vienne plier le genou devant Madame Royale et rendre hommage à la fille de son amie.