Mgr de Mercy évêque de Luçon et les serments de 1792-1795

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religion chrétienne donnée au monde, pour n’en faire qu'un peuple de frères, par Jésus-Christ, survit seule à toutes les: TéÉVOlutions, s’adapte à tous les gouvernements, parce qu’elle appelle tous les hommes dans son sein, sous quelque espèce de gouvernement qu'ils puissent vivre, sous quelques révolutions qu'ils puissent éprouver. Elle défend la révolle contre toute autorité établie ; elle en condamne les auteurs, mais dans la volonté ou la permission de Dieu elle en adore les effets, elle s’y soumet. Elle pleure le maître qu’on chérissait et que la Providence nous enlève, mais elle nous ordonne de nous soumettre à celui que sa justice Ou sa colère nous donne. Nous devons le souffrir jusqu’à ce que, par nos larmes, nous obtenions de sa miséricorde qu'il nous délivre de la tyrannie. Que les maîtres que Dieu nous donne soient bons ou méchants, c’est lui qui les jugera ; mais il veut que nous leur obéissions, non seulement par crainte, mais par conscience, ideo necessitate subditi eslote non solum Propler iram, sed eliam propter conscientiam. Ils sont les ministres de Dieu et ce n'est pas en vain qu'ils portent le glaive.

« M. l'abbé Fleury, dans son Histoire ecclésiastique, en parlant des premiers chrétiens, nous dit : « Sans prendre de parti dans « les guerres civiles, ils recoivent paisiblement les maîtres que « la Providence leur donne par le cours ordinaire des choses « humaines ; ils obéissent fidèlement aux princes païens et persécuteurs, et résistent conséquemment aux princes chrétiens quand ceux-ci veulent appuyer quelques erreurs ou troubler la discipline ; mais leur résistance se termine à refuser ce qu'on leur demande contre les règles et à souffrir toutes sortes « de tourments et même la mort, plutôt que de l'accorder. »

« Que Maxime se révolte contre l'empereur Gratien, qu’il usurpe son empire et le fasse assassiner, quoique Valentinien le jeune ait le droit de réunir à la portion de l'empire qu’il possédait celle que par la mort perdait son oncle, puisque le partage de l'empire avait été fait par le grand Théodose, le père commun, saint Ambroise, n’en reconnaissait pas moins Maxime pour empereur après son usurpation ; il l’honore comme tel, il va vers lui en ambassade de la part de l'impératrice Justine ; seulement il lui déclare qu'il ne communiquera plus avec lui en matière de

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