Mirabeau

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Staël, la Constitution commeun plan d'attaque, c’est-à-dire qu’elle s’appliquait à rendre impossible la monarchie même qu'il s'agissait de constituer, en la privant de ses éléments essentiels. Mirabeau fut donc battu sur cette question, bien qu'il eût pour lui la logique. Le 13 septembre 1789, après quinze jours de débats, 684 voix contre 325 décidèrent que le véto royal serait seulement suspensif. Je viens de dire que Mirabeau, tout en défendant le droit de véto absolu, réservait la Constitution. Fidèle à ce principe, qui entrait dans l'essence même de la Révolution, lorsque s’éleva, le lendemain du vote précédent (14 septembre), la question de savoir si les arrêtés du 4 août seraient soumis à la sanction royale, Mirabeau déclara que ces arrêtés étant envoyés par le pouvoir constituantne pouvaient être soumis à cettesanction ; et quatre jours après, dans une nouvelle discussion sur ce même sujet, il appuya une motion tendant à réclamer du roi, séance tenante, la simple promulgation des arrêtés.

Dans la séance du 24 septembre, Mirabeau donna une nouvelle preuve de cette merveilleuse éloquence qui l’a fait justement placer à côté des plus grands orateurs de l'antiquité. Necker, pour remédier à la situation désastreuse des finances, avait proposé d'imposer une contribution patriotique du quart des revenus. Cette proposition, que les circonstances rendaient nécessaire, avait besoin d’être immédiatement enlevée pour ne pas manquer son but, et l'Assemblée se montrait fort incertaine. Mirabeau, voulant l’entraîner, bien qu’il ne fût pas l’ami et le partisan de Necker (mais il sentait qu'il fallait l’'appuyer dans cette circonstance), monta trois fois à la tribune, et la troisième fois évoqua, dans un mouvement resté fameux, le spectre de la banqueroute que l'adoption de la proposition de Necker devait avoir pour effet de conjurer. Ge passage célèbre représente mieux qu'aucun autre le genre d’élo-