Mirabeau

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que, sans cette condition, comme dit Étienne Dumont, «son entrée au ministère le perdait sans servir la cause publique ».

En soutenant done que les ministres devaient être en même temps députés, Mirabeau servait ses vues personnelles, mais il servait également la cause de la vérité parlementaire qui a fini par triompher en France. « Les premiers agents du pouvoir exécutif, écrivait Mirabeau dans le Courrier de Provence, sont nécessaires dans toute Assemblée législative ; ils composent une partie des organes de son intelligence ; les lois discutées avec eux deviendront plus faciles, la sanction sera plus assurée, l’exécution plus entière; leur présence préviendra les incidents, assurera notre marche, mettra plus de concert entre les deuxpouvoirs auxquels le sort de l'Empire est confié. »

Malheureusement la majorité de l’Assemblée nationale, mise en défiance contre Mirabeau, qu’elle soupçonnait d'entretenir des intelligences avec le roi, décida que nul député ne pourrait remplir de place dans le ministère et que les.-ministres n'auraient ni voix délibérative, ni droit de siéger dans la Chambre. Mirabeau se montra à la fois blessé et affligé de cette résolulion : blessé pour lui-même parce qu’elle était portée contre lui et qu’elle renversait ses espérances et ses projets ; afligé pour la monarchie à laquelle elle portait un coup fatal. C'était, en effet, une grande faute de la part de l’Assemblée nationale : non seulement elle manquait à la logique qu’on ne viole jamais impunément, mais elle privait la monarchie qu’elle voujait restaurer des services de l’homme qui était le plus capable de la gouverner comme ministre dans le sens des libertés publiques. On peut dire, il est vrai, qu'en cela comme dans tout le reste, elle obéissait elle-même, à son insu, à une logique plus forte que celle, qui aurait dû être